Ah Dieu, à Dieu, Adieu du 13 novembre

En souvenir du 13 novembre :

"Ah Dieu, à Dieu, Adieu, irrévocable.

Si je pouvais t'écrire, c'est avec les mots de Voltaire que j'implorerai ta toute relative puissance. Car il semble que tes forces soient perdues, ou vaines, pour, à ce point là, ne plus te faire entendre, et même, de plus, te faire tant abuser sans que tu ne réplique par aucune demande de Pardon pour les actes commis en ton nom. Evidemment, tu es dans la position de celui qui doit pardonner, mais je croyais que les hommes devaient te demander pardon ? Je dois être totalement en confusion, ou alors ne t'ai-je finalement pas bien compris ? Il semble, qu'à ce jour, les effets d'ivresse, de drogue des esprits, puisés en ton nom, nourrissent des hommes aux mains tachées de sang. Aux hommes assoiffés de pouvoir, prétendant à la toute puissance de discernement du bien et du mal. Alors qu'ils voient pourtant le mal où se trouve le bien, et le bien où se trouve le mal, mais certainement, aussi, qu'ils ne t'ont pas bien compris ? Rassure-moi! Car ici-bas, tes messages sont fort mal interprétés et chacun te raconte à sa manière. Mais tu ne viens pourtant pas guérir les conflits, ni les plaies, tel que tu le promettais. Tout le monde veut s'approprier ta pensée, ton domaine, ce vaste cosmos de millions de soleils. Lasse de cet hautain combat de conquête, de propriété de ta triste divinité, je te demande le divorce, accompagné d'une forte indemnisation pour tous les tords moraux et tous les morts couchés sur ton dos, ensanglantés sur le prétexte de ta prétendue divinité. Je ne pensais pas, en ces jours de modernité, que l'ombre ténébreuse de ton hypothétique existence, puisse si déplorablement déchirer les hommes. Ainsi, cher Dieu, je ne désire plus être associé à aucun signe de ton existence. Ceci, non pas, car je ne crois pas en toi (encore, suis-je stupide de me trahir !), à un Dieu hypothétique caché au fond des millions de soleils, mais simplement, je préfère un monde sans Dieu qu'un monde baignant dans le sang en son nom. S'il devait être un Dieu, tu serais là, à nos côtés depuis longtemps. Tu as trop tardé, il est (déjà) trop tard. Dieu n'est pas Toi, mais en Nous, les Hommes, si tu as une place, elle doit simplement s'inscrire dans le savoir-vivre quotidien, dans une connaissance de la bienséance sociale, du respect, des valeurs, et si j'osais, je dirais de la morale. Bien que la Morale, soit encore une de ces ideologies aussi dangereuses que tes préceptes, car souvent instrumentalisée en faveur du désir de toute puissance des hommes souvent castrés, mutilés de leur propre estime. Puisque tes préceptes sont instrumentalisés en faveur du crime le plus odieux, de la domination, des guerres, je ne vois aucune raison de les suivre. Mais plutôt de condamner les abus commis en ton nom, puisque tu ne le fais pas, ou que tu n'en as pas le pouvoir. Ah, encore une chose, cher Dieu, je sais que des millions de gens ont écrit ce que je t'écris aujourd'hui, mais je ne pouvais m'empêcher de le dire encore et encore, à ma manière, tout en révélant le terrible paradoxe du nouvel athée, car au fond de moi , malgré moi, règne encore la réminiscence de ce que l'on m'a inculqué enfant à coup d'encens et d'images d'épinal. Mais c'est un cri du coeur que de t'envoyer cette lettre de rupture avant Noël, en imaginant, encore stupidement, que tu pourrais l'entendre! Et pour conclure, je te dirais encore, vois-tu comme ils utilisent ton anniversaire, le mercantilisme domine toute idée d'un haut-delà ! Le commerce marche sur les plus hautes idées  du bien, en vendant des armes et du pétrole. "Dieu soit loué!", je ne crois plus au Père Noël, et je sais que ma lettre ne parviendra pas à Toi, dépitée. Tu vois, cher Dieu, conditionnée à ton existence, qu'une croyante devenue athée est toujours nourrie de vains espoirs de t'entendre crier soudain "je suis là : ne vous battez plus en mon nom ! "."

Marie-Laure deBeausacq, 17 novembre 2015